mardi 13 mai 2014

"De nombreuses femmes ne souhaitent pas l'égalité"

Audrey est journaliste. Militante féministe depuis un an, elle prépare actuellement un DU sur l'étude du genre à la faculté de Rennes 2. Interview.

Qu'est-ce que le DU sur l'étude du genre ?
Il s'agit d'un DU proposé par la faculté de sociologie de Rennes 2. Nous sommes entre 25 et 30 en majorité des femmes. Il s'agit de la deuxième promotion. La plupart travaille dans des associations ou dans des organismes comme l'ONISEP. Nous avons tous été confrontés à des stéréotypes de genre au travers de nos métiers. Ce sont des questions que j'étudie beaucoup en tant que journaliste. D'où l'idée de m'inscrire à ce DU.

Comment se présente-t-il ?
Il est composé de plusieurs modules. Un module méthodologie obligatoire ainsi que d'autres modules sur les violences contre les femmes, conjugalité et parentalité, l'histoire du féminisme, l'égalité professionnelle... Il se valide sur un an et demande beaucoup d'investissement (environ une journée par semaine). Nous devons aussi rendre un dossier thématique de 30 pages.

Que penses-tu de la théorie du genre ?
La théorie du genre n'existe pas ! Il existe des études du genre, des études sociologiques, universitaires mais la prétendue théorie du genre n'existe pas. Le genre est un concept selon lequel le monde est divisé en deux moitiés inégales et qui n'ont pas les mêmes droits. L'étude du genre c'est s'interroger sur cette question et l'expliquer. Qu'est-ce qu'on a assigné aux hommes et aux femmes et pourquoi. Tout cela s'explique par l'histoire, la politique...

Quand on te parle d'inégalité hommes-femmes, qu'est-ce qui te choque le plus ?
Le sexisme ordinaire et l'incapacité des femmes à se dire féministe. Je prépare pour mon DU un questionnaire sur le rôle des belle-mères concernant le partage des tâches ménagères dans les familles recomposées et j'ai été choqué de découvrir que certaines trouvaient normal d'en faire plus que les pères. Clairement, en ce qui concerne le partage des tâches, ce qui compte plus que la filiation c'est donc le genre. Il y a énormément de femmes qui ne souhaitent pas l'égalité. C'est ça que je ne comprends pas. Il faut sortir de la binarité. Sur terre, on aurait pu séparer les yeux verts et les yeux bleus, c'est absurde. L'égalité n'est pas le contraire de la différence. Quand on parle d'égalité à certaines personnes on nous répond « Oui mais on n'est pas pareil ». Oui évidemment ! Mais l'égalité n'est pas le contraire de la différence. Ce n'est pas parce que nous sommes différents que nous sommes inégaux. Cela n'a rien à voir.

Quand une femme dit à son entourage qu'elle est féministe, les gens la prennent souvent pour une hystérique...tu l'as remarqué aussi ?
Oui. Parfois quand j'arrive chez des amis on dit de moi : « Attention ! Elle va encore te bourrer le crâne ». Difficile de bousculer les préjugés. Ce n'est pas toujours évident entre les féministes qui se révoltent contre des choses précises et qui élèvent le débat très haut et le reste des femmes, pour qui, la base n'est pas acquise et régressent en terme d'égalité.

Misster Claude


Renseignements : http://www.univ-rennes2.fr/sfc/actualites/diplome-interuniversitaire-etudes-sur-genre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire