dimanche 27 avril 2014

Ma grossesse me donne la nausée



Dès les premiers jours de la grossesse, avant même le test et la confirmation d'un bébé à venir, j'ai ressenti un changement en moi.
Mais loin de la jouissance dont peuvent témoigner certaines futures mères, à moi, elle ne m'a pas plu du tout.
Ce changement est à priori, purement hormonal (à moins qu'il ne soit psychologique). Les premières semaines de grossesse n'entraînent pas (encore) de métamorphose physique conséquente, puisque à 6 semaines, un embryon mesure en moyenne cinq millimètres.
Cinq millimètres qui m'ont très rapidement donné la gerbe!
Ces fameuses nausées matinales, qui ne durent QUE trois mois... m'ont littéralement pourries la vie! J'entends encore rabâcher médecins, pharmaciens, et femmes qui l'avaient pourtant vécu m'affirmer que cela ne durerait pas.

Imaginez ne serait-ce qu'un instant avoir une gueule de bois permanente (puisqu'en fait elle n'est pas que matinale) pendant trois mois ! Ce qui est, soit dit en passant, un comble, puisque bien sur on suit la règle du zéro alcool pendant la grossesse. La nausée, donc, le mal de mer, des vomissements parfois, une fatigue incommensurable, une incapacité à vivre sa vie normalement, et tout ça en souriant, puisque personne n'est encore au courant de votre état !

Rapidement, je me suis rendue compte, qu'il me serait difficile de continuer à bosser comme si de rien n'était.
Travaillant dans un centre d'addictologie, mon travail consiste à passer une partie de ma journée au contact de personne ayant une odeur, disons le gentiment, “alcoolisée”.
Dame nature, dans sa grande bonté envers les femmes, à plutôt bien fait les choses : l'alcool est mauvais pour le bébé? la future mère ne supporte plus l'odeur de l'alcool (ça marche aussi avec le fromage, les crustacés, le café, etc...).
Sauf que dans mon cas, ce n'est pas très professionnel de quitter un entretien pour aller vomir, parce que monsieur sent le rosé...

A cela s'est ajouté, bien d'autres petits maux, qu'il serait inutile de tous citer.
Mais au bout de deux mois et demi de grossesse, j'étais en arrêt de travail.
Autant dire, seule à la maison avec mon embryon, et que ça à penser.
En temps normal, je serais plutôt du genre à me dire qu'un petit séjour gratos à la maison, loin de mon boulot, ne peut être que bénéfique. Au début je me suis dit : « bon ça va être cool, je vais pouvoir m'occuper de mon ainé, faire des gâteaux, du bricolage, du jardinage, tout ce que j'aime faire... » Au final, à part des siestes, je n'ai pas fait grand chose...

Après m'être nourrie exclusivement de Craquottes/ VacheQuiRit pendant trois mois entiers, les nausées ont commencé à disparaître... Pour laisser place à des migraines! La bonne surprise!
Certes je suis migraineuse, je suis habituée aux maux de tête, mais mon neurologue m'avait affirmé que dans 90% des cas, la femme enceinte n'a pas de migraines.
Je dois même avouer que c'est l'une des raisons qui m'ont poussé à me lancer dans un deuxième bébé : neuf mois sans migraines, ça me faisait rêver!
Et bien non, j'ai donc fait partie des 10% de la population à avoir des migraines enceinte. Et là, je pense que seuls les migraineux pourront comprendre le supplice de ces maux de tête quand le seul médicament autorisé est le paracétamol...
Après avoir été consulter homéopathe, acupuncteur, ostéopathe, les migraines se sont quand même espacées et sont devenues plus supportables.

Toutes sortes d'autres maux ont alors gentiment pris le relai : sciatique, maux de dos, douleurs pelviennes, contractions, brûlures d'estomac. Douleurs dites classiques chez la femme enceinte, mais sérieux, comment supportent-elles ça ???

Neuf mois dans une bulle ? Un grand nombre de femmes enceintes témoignent de ces 9 mois passés en osmose avec elle-même et leur bébé.
J'ai pu lire des articles (qui soyons sincères me débectent) où les femmes racontent à quel point elles ont aimé vivre neuf mois dans une bulle.
Vivre dans une bulle, oui c'est clair, mais il faut croire qu'on ne vit pas toutes dans la même!

Bien sûr, la grossesse change les relations avec l’extérieur.
C'est principalement lié à la fatigue : on n'est pas vraiment en état de sortir faire la fête jusqu'au bout de la nuit. Pour ma part, je suis plutôt du genre à aller me coucher à 21h...
Les discussions ont tendance à ne tourner principalement qu'autour de cette grossesse. En même temps, étant cloitrée à la maison à ne rien faire, c'est vrai que je n'ai pas matière à discussion très intéressante!
Mais dès les premiers mois, on m'a parlé de « mon bébé », qui pour moi n'était rien d'autre qu'un embryon.
Bon, j'étais contente d'être enceinte, je ne vais pas non plus dire le contraire, mais je ne me suis sentie vraiment enceinte, avec un truc qui vit dans mon corps, que bien plus tard.
Probablement quand il a commencé à bien gigoter ou quand j'ai connu son sexe.
En bref, j'ai vécu cette bulle comme un repli sur moi même, où le manque d'énergie m’empêchait de voir du monde, ou de faire des choses que j'aime.

C'est toujours marrant de sentir le bébé bouger, surtout au début. De sentir qu'il y a vraiment quelque chose de vivant dans son ventre. Ca donne une réalité à la grossesse.
Mais parfois, je dois avouer que j'en ai un peu marre de le sentir bouger. Plus le bébé grandit, plus il donne de vrais coups, moins c'est agréable. Et, il faut dire que le mien gigote beaucoup, voire tout le temps!

Au bout d'un moment, j'ai juste envie qu'on me rende mon corps!
Me rendre mon corps, c'est vraiment ce dont j'ai le plus hâte. J'ai un peu vécu cette grossesse comme si mon corps ne m'appartenait plus et ne servait qu'à couver un oeuf pendant 9 mois...
J'ai mal vécu de prendre du poids, de voir mon ventre s'arrondir.
J'ai eu l'impression de perdre ma féminité, ce qui est plutôt paradoxal, car comment être plus féminine qu'en étant enceinte?
Mais c'est comme ça, je ne m'aime pas avec ce gros ventre, je n'aime pas m'habiller en sac à patate, je n'aime pas être mal dans mes vêtements quoi que je puisse mettre, je n'aime pas le regard qu'on porte sur la femme enceinte (vous savez celui de la bienveillance, qui peut vite passer à de l'indifférence quand il s'agit de laisser sa place aux caisses de supermarché...)

Je suis sûre que des tas de nanas n'aiment pas être enceinte, mais n'osent pas le dire!
Je sais qu'une fois que mon bébé sera là, je l'aimerai autant que n'importe quelle autre maman. Beaucoup de gens me disent « profite de ta grossesse, pendant que tu es encore tranquille! »
Et bien non! J'ai hâte de me réveiller dix fois par nuit et de l'entendre pleurer!
La fin de la grossesse sera une libération, le moment où je pourrai reprendre le cours de ma vie, avec un bébé en plus bien sûr!

Je devrais malgré tout ajouter un bémol à cette lamentation.
Durant cette grossesse, j'ai aimé tout l'aspect « préparation » : le faire-part (qui est prêt depuis déjà quelques mois), la couture de vêtements de bébé, la déco de la chambre...
Et puis, ce temps m'aura aussi permis de rattraper mon retard en matière de culture de séries!

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